Mes vies parallèles
Format BrochéAuteur : Julien Leschiera
30,33 €
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sur cet article
Description
Naître ou ne pas naître, telle est lunique question. Certains
trépignent dans la coulisse, avides de couper le cordon, de bondir en
scène, dy camper un personnage, dautres se demandent bien pourquoi,
pourquoi on devrait sarracher au farniente amniotique, encoconnés
quils sont dans le ventre maternel comme au cur dun doux hamac. Tel
est notre anti-héros, le futur Charles Dubois, qui déplore plus que tout
quil y ait une fin à la délectable somnolence ftale. Une nostalgie
patente dès "son expulsion vers le monde" où il offre lapparence non pas
dun baby démangé de vitalité, mais dun"tas de gelée", un avorton
amorphe qui, dès lorigine, fait tache dans une famille vouée au culte
de leffort et de la responsabilité. Tôt orphelin dun général de père
tué dans une accident de friteuse, pris dans limpitoyable étau formé
par une mère anxieuse et le volontarisme crispant dune sur musicienne,
il est dabord confié à la gutturale férule de Margrit lAutrichienne
qui échoue à viriliser ce garçonnet. Maillon mou de la chaîne sociale,
il consterne comme il respire et sa scolarité savère un chemin de croix
ponctué dhumiliations carnavalesques et de naufrages sentimentaux.
Néanmoins, stratégie secrète et soupape mentale, Charles sen sort en
cultivant lart des univers parallèles, se téléportant dans des mondes
imaginaires qui assouvissent ses désirs fondamentaux : sabstraire et se
distraire. Marathonien de linappétence grandiose, oisif de droit
divin, mais tenu dassumer des rôles factices, on laccompagnera
néanmoins à luniversité, à larmée, demplois précaires en vocations
passagères, seul, en famille ou soumis au parasitage inévitable dun
collègue. À tous, il noppose que sa flottaison molle dans un océan de
lymphe. Frère des Bartleby ou des Oblomov, Charles Dubois, lecteur de
Pessoa qui lui apprend"la dissidence envers la vie", incarne au mieux
cette sentence dHenri Michaux :"Ne faites pas les fiers. Respirer,
cest déjà être consentant". Le miracle est que, de cette vie monologuée
avec une minutie distanciée, se dégagent un humour colossal et une
mélancolie bouleversante.