États sauvages

Deux couples dînent ensemble dans une banlieue paisible de Chicago. Jeunes, beaux, prospères, ils ont tout pour être heureux. À la fin de la soirée pourtant, l'un des maris disparaît. Sans laisser de traces. À quelques rues de là, un autre couple s'abîme dans les volutes du crack, à l'abri du monde extérieur. Jusqu'au moment où leur Ford Galaxie millésimée se volatilise... C'est le début d'une hallucinante odyssée à travers une Amérique cauchemardesque et décérébrée. De Chicago à la Californie, de motel délabré en orgie futuriste, chaque chapitre vient enrichir une galerie de fantoches pathétiques, gavés d'images et de clichés, sans autre lien entre eux que cette Ford Galaxie qui vient bouleverser leurs vies tel un ange exterminateur. Mais ni le voyage ni la violence ne suffisent pour échapper à cette prison de mythes et de simulacres à laquelle s'est réduit un pays tout entier. La violence satirique avec laquelle Stephen Wright campe ce monde d'aliénation généralisée est celle d'un moraliste sans illusion, mais elle s'accompagne d'une exubérance verbale qui trahit sa tendresse et sa fascination pour l'imaginaire américain. La puissance et l'invention constantes de cette fantasmagorie visionnaire imposent d'emblée Stephen Wright comme l'une des voix les plus importantes de sa génération.