Un nouveau départ

« Ils ont des droits sur nous ! » Comme le rappelle cette formule céleàbre de Georges Clemenceau, les anciens combattants français jouissent apreàs la Premieàre Guerre mondiale d'une supériorité morale fondée sur une victoire obtenue au prix de lourds sacrifices. Une catégorie de vétérans ne partage cependant pas ce prestige. Les Alsaciens-Lorrains, en effet, ne sont devenus français qu'au terme du traité de Versailles, aà la faveur du retour de l'Alsace-Lorraine aà la France. Avant cela, ils ont vécu la guerre dans les rangs de l'armée allemande. Apreàs l'armistice, leur retour dans une province désormais française s'apparente aà un nouveau « parcours du combattant ». Aux difficultés du passage de la vie militaire aà la vie civile s'ajoute la nécessité d'apprendre aà vivre avec le poids de ce passé encombrant, voire stigmatisant. Ils n'éprouvent pas moins la volonté de faire valoir leur propre droit aà reconnaissance car, s'ils n'ont pas combattu du côté des vainqueurs, ils ont en commun avec eux d'avoir partagé les mêmes souffrances. Ce qui se joue en toile de fond n'est rien de moins que leur intégration aà la nation française, et celle-ci passe par l'élaboration de nouvelles normes sociales.