Le Père Anizan, prêtre du peuple

Un long compagnonnage de vingt-huit années chez les Frères de Saint-Vincent-de-Paul forme l'espace dans lequel s'épanouissent les aspirations du Père Anizan (1853-1928) en harmonie avec le charisme particulier de sa congrégation. Apôtre du peuple à Charonne, un quartier populaire de Paris, le Père Anizan ne cesse ensuite de développer l'apostolat populaire, par le canal des uvres. L'affirmation de cette orientation pastorale est d'abord freinée puis contrecarrée par l'émergence du catholicisme intégral et du nationalisme intégral de Maurras. Ces courants répandus dans l'Église gagnent un groupe de religieux partisans d'une ligne plus doctrinale de leur institut. Le premier choc frontal en 1907 annonce la crise majeure qui ravage la congrégation en 1913-1914. Cet affrontement violent reproduit les tensions qui parcouraient l'Église pendant le pontificat de Pie X. Il provoque le départ de nombreux religieux dont le Père Anizan. Ce cataclysme n'a cependant pas touché le socle spirituel et apostolique de sa vie. Signe de dynamisme, le Père Anizan devient fondateur de congrégation à soixante-cinq ans. Ses aspirations personnelles, la primauté de la vie religieuse, le service du peuple et notamment des ouvriers par la paroisse dotée d'uvres, deviennent les bases d'un projet communautaire qui aboutira à la création des Fils de la Charité. Né d'un véritable schisme congréganiste, le nouvel institut fondé en 1918 associe les intuitions du Père Anizan (fécondées par les orientations du fondateur des Frères de Saint-Vincent-de-Paul), avec les intentions novatrices de Benoît XV.